Résidence d’artiste – Paris
Studio du Conseil des arts du Canada
Cité internationale des arts de Paris
Mai – Août 2014
Archives: Étude alchimique parisienne
Étude alchimique parisienne
À l’été 2014, j’ai réalisé une résidence d’artiste de 4 mois à la Cité internationale des arts de Paris, à quelques pas de Notre-Dame. Mon projet de résidence consistait à suivre les traces de l’alchimie dans la ville et à examiner comment l’alchimie s’entremêle à la mythologie et à l’histoire. Cette démarche cherchait à mieux comprendre le projet alchimique et les mythes qui l’entourent ainsi qu’à mettre en relief l’intemporalité du rêve qu’il porte ; « devenir maître de la nature et se substituer au temps » (Mircea Eliade).
Des détails d’architecture, des documents d’archives et des artéfacts de musées se sont retrouvés au cœur de mes recherches et ont inspiré la création de dessins et de photographies. Une trace éloquente de cette histoire alchimique parisienne est, entre autres, l’épitaphe de Nicolas Flamel conservé au Musée de Cluny. Appartenant à la fois à l’histoire et à la légende, le personnage de Nicolas Flamel traverse la littérature de Victor Hugo jusqu’à Harry Potter. À la croisée du mythe et du réel, ce personnage légendaire de la mythologie alchimique est aussi un personnage historique qui vécut à Paris au 14e siècle. C’est penché sur cette épitaphe, faisant foi du passage de Flamel dans le monde réel, que j’ai réalisé un délicat estampage de la pierre sous la supervision d’un conservateur du musée. Portée par une réflexion sur le décryptage du passé, les pouvoirs de l’imagination et la vie onirique de certains objets et bâtiment, cette étude alchimique cherchait à mettre en relief la valeur et l’actualité de certaines connaissances et croyances ancestrales.
« L’architecture a été la plus grande écriture du genre humain. Et cela est tellement vrai que non seulement tout symbole religieux, mais encore toute pensée humaine a sa page dans ce livre immense et son monument […]Il existe à cette époque, pour la pensée écrite en pierre, un privilège tout à fait comparable à notre liberté actuelle de la presse. C’est la liberté de l’architecture. Cette liberté va très loin. Quelques fois un portail, une façade, une église tout entière présente un sens symbolique absolument étranger au culte, ou même hostile à l’église. Dès le treizième siècle, Guillame de Paris, Nicolas Flamel au quinzième, ont écrit de ces pages séditieuses. Saint-Jacques-de-la-Boucherie était toute une église d’opposition »
-Victor Hugo, Notre-Dame de Paris
Estampage de l’épitaphe de Nicolas Flamel (1330-1418) au Musée de Cluny à Paris, 2014
« L’alchimie a légué beaucoup plus au monde moderne qu’une chimie rudimentaire : elle lui a transmis sa foi dans la transmutation de la Nature et son ambition de maîtriser le Temps. »
– Mircea Eliade, Forgerons et alchimistes
« Il est bon que la conscience historiographique de l’homme occidental se découvre solidaire des actes et des idéaux de très lointains ancêtres -même si l’homme moderne, l’héritier de tous ces mythes et de tous ces rêves qu’il est, n’est parvenu à les réaliser qu’en se désolidarisant de leurs significations originelles. »
– Mircea Eliade, Forgerons et alchimistes
+ AUTRE RÉSIDENCE D’ARTISTE: Le sortilège des seuils (Gotland)