Résidence d’artiste – Gotland

Avec la Brucebo Foundation, Suède
Été 2012
Archives du projet:
Dessins, klecksographies et écritures

Le sortilège des seuils

Encerclée par la mer et par l’aura de son histoire viking, l’île de Gotland semble se trouver, à sa manière, à la limite des mondes. Terre de songe et de retranchement, l’île est un espace singulier qui convoque l’imaginaire. Entre la limite de ses terres et l’ouverture infinie de ses horizons, l’île est un seuil qui ferme et ouvre les mondes.

À l’est de l’île, un domaine pittoresque situé en bordure de mer témoigne de la vie et du travail d’un couple d’artistes. Dans cette sorte de lieu fantôme à l’image de ces hôtes aujourd’hui disparus, des artistes de passage, livrés à eux-mêmes le temps d’un séjour, sont invités à côtoyer la présence muette de ceux qui les ont précédés.


Séance de dessin, domaine Brucebo


Portrait de Caroline Benedicks & William Blair Bruce (1856 – 1935) – mes hôtes fantômes

Dessin spectral (masques et mythes)

« Gotland fut découvert par un homme appelé Tjelvar. À cette époque, Gotland était tellement ensorcelé que l’île sombrait sous la mer durant le jour et ne réapparaissait que la nuit venue. Cet homme fut le premier à apporter le feu sur l’île. Après son passage, l’île ne sombra plus jamais dans la mer. »
– Guta Saga, The Tales of the Gutes

De l’autre côté de l’île, au beau milieu de la forêt, se trouve la tombe légendaire de Tjelvar. Ce fabuleux site funéraire, au seuil du réel et du mythique, témoigne d’un espace où l’imaginaire rencontre l’ordre du visible.

Klecksographie au site funéraire de Tjelvar, Gotland

Klecksographie à Trullhalsar, cimetière Viking, Gotland

La klecksographie est une technique du 18e siècle qui consiste à déposer une goutte d’encre sur une feuille de papier pour ensuite plier la feuille afin d’obtenir une tache symétrique. La technique, qui inspira le psychiatre Hermann Rorschach (1884-1922) pour son fameux test, fut d’abord initiée par le scientifique et poète allemand Justinus Kerner (1786-1862). S’intéressant au surnaturel, Kerner pratiquait la klecksographie comme un procédé permettant d’entrer en contact avec le monde des esprits.

« Comment la tache d’encre, ou notre lecture de celle-ci, peut-elle évoquer des histoires du passé ? », aurait pu demander Kerner. « Comme un motif psychique, les masques de l’Histoire révèlent qui nous sommes et ce qui a été », aurait-il pu répondre.

 

 

Själsö, Gotland

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